Être gribouri

dans un nid de lichen sur tilleul

Nous devons, malgré tout, reconnaitre
qu'il existe certains arts de vivre

A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par mon poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion…

Sous la houle vulpine, une multitude minuscule, jour et nuit, façonne, à travers ses guerres et ses amours, la prairie jusqu’aux apothéoses de chants et de couleurs dont elle la pare au fil de la belle saison.